L’oralité, un pilier éducatif ancestral

Dans l’éducation africaine traditionnelle, la parole a toujours occupé une place centrale. Avant les manuels, avant les écrans, avant les supports modernes, les enfants apprenaient par l’écoute, l’observation et le récit. La parole était une mémoire vivante, un pont entre les générations, une manière de transmettre les valeurs, les savoirs et les repères essentiels pour grandir.

Ma mère m’a toujours dit : « Il y a l’intelligence de la vie, et il y a l’intelligence de l’école. » Elle-même n’avait jamais appris à lire avant l’âge adulte. Mais elle savait nous transmettre. Par ses mots, ses expressions, ses histoires, elle savait rendre les choses claires. Compréhensibles. Sensibles. Elle nous a appris à être debout dans le monde.

Aujourd’hui, dans beaucoup de familles, ces moments de récits se perdent. Pourtant, ils sont fondamentaux. Ils créent un lien intime entre l’enfant et son histoire, entre l’enfant et son monde. Ce n’est pas seulement une transmission de contenu. C’est une transmission d’identité.

« Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » dit un proverbe africain. Et si nous prenions le temps, justement, d’écouter ces bibliothèques vivantes ?

Apprendre par le récit, une mémoire incarnée

Dans l’oralité, chaque mot a un poids. Chaque silence, un sens. L’enfant qui écoute ne reçoit pas seulement une information : il est plongé dans un univers où les gestes, les intonations et les émotions sont aussi porteurs de savoir.

Apprendre par le récit, c’est apprendre à ressentir, à questionner, à faire le lien entre les mots et la vie. Dans l’éducation africaine, les contes sont rarement gratuits : ils sont pensés pour éduquer. Pour faire réfléchir. Pour faire grandir.

Intégrer l’oralité dans l’éducation moderne

Dans un monde où tout va vite, où les écrans captent notre attention, comment redonner une place à la parole ? Voici quelques pistes :

  • Raconter des histoires en famille, sans support, juste avec sa voix.

  • Encourager les enfants à raconter eux-mêmes, même les plus petits.

  • Utiliser les chants, les comptines, les poésies, comme autant de façons de dire le monde.

  • Donner de la place à la parole des anciens, les inviter à transmettre leurs souvenirs.

En valorisant l’oralité, on préserve un héritage vivant. On offre à l’enfant un ancrage. Une racine. Et aussi, une capacité à s’exprimer, à comprendre, à se relier aux autres.

L’oralité, ce n’est pas « moins bien » que l’écrit. C’est une autre forme de savoir. Une forme essentielle. Une forme qui parle à l’âme autant qu’à l’esprit.