Ni d’ici, ni d’ailleurs… ou peut-être des deux ?

Dans un monde de plus en plus métissé et connecté, nombreux sont les enfants qui grandissent au carrefour de plusieurs cultures. Qu’ils soient nés de parents aux origines différentes, qu’ils vivent entre deux pays, ou qu’ils soient bercés par une culture familiale différente de celle de leur environnement quotidien, ces enfants portent en eux une richesse immense… mais aussi des questionnements profonds. Qui suis-je ? À quel monde j’appartiens ? Comment embrasser toutes mes racines sans me perdre ? En tant que parent, éducateur ou proche, comment les accompagner avec douceur et confiance dans ce cheminement identitaire ?

Une richesse invisible à protéger

Grandir dans plusieurs cultures est souvent perçu comme un atout : ouverture d’esprit, bilinguisme, adaptabilité… Mais c’est aussi un défi. L’enfant peut se sentir « entre deux mondes », parfois sans vraiment se sentir totalement à sa place dans l’un ou l’autre. Il peut avoir honte d’une langue, de plats ou de vêtements traditionnels. Il peut aussi ressentir de la colère, de la confusion ou un besoin profond de résilience.

Le droit d’être plusieurs choses à la fois

Il est essentiel de rappeler à l’enfant qu’il n’a pas à choisir. Il peut être pleinement son identité d’origine et pleinement citoyen du monde. L’identité n’est pas une ligne droite, c’est un arbre aux multiples branches. Chaque branche représente une langue, une musique, une saveur, un souvenir… et toutes participent à faire de lui un être unique.

Valoriser les racines par des actes simples

Pour qu’un enfant se sente légitime dans ses appartenances multiples, il a besoin de les voir valorisées :

  • Parler les langues familiales à la maison, même de façon imparfaite.

  • Préparer ensemble des plats traditionnels.

  • Lire ou écouter des histoires issues de chaque culture.

  • Participer à des fêtes, des rites ou des traditions familiales.

  • Lui montrer des photos, raconter des anecdotes, partager les souvenirs de village ou de quartier.

Nommer les choses pour mieux les vivre

Les enfants ressentent beaucoup, mais ne savent pas toujours mettre des mots sur ce qu’ils vivent. C’est pourquoi il est utile de leur dire : « Tu peux te sentir un peu perdu entre ici et là-bas, et c’est normal. » « Tu peux aimer la musique de chez papa et la cuisine de chez maman, sans devoir choisir. » Créer un espace de parole autour de ces ressentis leur permet de ne pas avoir honte de leur complexité.

Le regard des autres : un miroir à décoder

Les enfants issus de plusieurs cultures peuvent aussi être confrontés aux stéréotypes, aux questions maladroites ou aux injonctions sociales : « Tu n’es pas vraiment d’ici », « Tu parles comme une blanche », « Tu ne comprends pas la culture »… Ces remarques peuvent semer le doute. Il est important de les déconstruire avec eux, de les aider à prendre du recul, et surtout de leur offrir une vision fière et assumée de leurs différentes appartenances.

Conclusion

Grandir entre plusieurs cultures est une aventure riche, mais parfois ébranlante. L’enfant a besoin d’adultes qui reconnaissent la complexité de son parcours et qui l’aident à faire de ses identités multiples une force. C’est à travers les gestes du quotidien, les paroles bienveillantes, les histoires transmises et l’exemple donné que nous l’aidons à s’ancrer et à s’épanouir pleinement. Car en réalité, il ne s’agit pas de choisir entre ses cultures, mais de les faire dialoguer, pour inventer sa propre manière d’être au monde.